Cependant, ces colonies n'ont pas de réelle structure sociale, car elles sont originellement formées dans le seul but de grapiller une nourriture facile (rongeurs et restes de repas) ; les chats les plus agressifs sont aimablement dirigés vers la sortie, à la fois par les chats eux-mêmes (qui voudraient boulotter tranquillement) et par les humains (qui ont petit à petit sélectionné les individus les plus sympathiques, potentiellement par un caillassage ciblé d'abord, puis un traitement plus indulgent envers certains chatons ensuite).

C'est pourquoi on ne peut pas parler de chat "dominant" ou "soumis", car sans hiérarchie, ces termes n'ont pas de sens.

On a seulement affaire à des chats plus ou moins agressifs selon les situations, donc plus ou moins adaptés à la colonie. Ces chats "solitaires", souvent des mâles entiers, vont avoir tendance à graviter autour d'un point de nourrissage, ne le rejoignant qu'au moment du repas, pour le quitter tout aussi vite ; il leur arrive de s'en aller à la recherche d'un nouveau point de nourrissage, notamment si le nombre de femelles vient à baisser.

Les femelles, elles, sont souvent les plus attachées à leur territoire, que souvent elles partagent ; il leur arrive de mettre bas au même endroit et de coparenter les portées (du jamais vu chez les chats forestiers).

Felis s. catus, donc, a développé une nature résolument sociable pour pouvoir vivre tranquillement sans se mettre sur la tronche avec ses petits copains, ainsi que pour pouvoir coloniser sans crainte les arrières cuisines, granges et basse-cours d'Homo sapiens ; même si nous ne les laissons roupiller sur nos canapés que depuis une époque très proche si on les compare aux chiens, les chats ont montré une remarquable tendance à l'imprégnation envers les humains, même lorsqu'ils grandissent dans la rue.

Le miaulement en est un exemple frappant, dans la mesure où il s'agit d'un mode de communication, chez un chat adulte, qui nous est majoritairement destiné.

Tout cet exposé nous amène donc à mon
2) les chats sont sociables.
Même sans être stérilisés, ce qui a réduit leur comportement lié à la reproduction (donc une certaine territorialité, et un caractère un peu "à cran" en général), ils ont souvent besoin, bon gré mal gré, d'interaction, et d'affection.

Ils n'ont pas, malgré l'image que nous avons d'eux, ce détachement envers les choses terrestres qui leur permettrait de se passer de nous (et ce, à plus forte raison dans un espace clos) ; et même si ils dorment BEAUCOUP, ils ont besoin d'interaction pendant leurs heures de veilles.

J'ai déjà découvert qu'une chatte présentée comme inactive adorait jouer...

... seulement, ses adoptants l'ignoraient car ils pensaient qu'il suffisait d'éparpiller quelques jouets au sol pour qu'un chat s'y attaque.
La pauvre petite était en surpoids et dans un état d'apathie considérable, alors que -comme je l'ai ensuite expliqué aux adoptants - il suffisait de trifouiller trois secondes dans un rideau pour qu'elle se transforme en fusée à tête chercheuse.

Effectivement, certains chats se suffisent à eux-mêmes, mais un chat qui ne joue pas, c'est pas normal. Et si il ne joue pas tout seul, il faut l'aider.
De la même façon, un chat qui n'a pas d'interactions avec ses humains doit en avoir avec autre chose, au moins.

Par autre chose, j'entends un espace extérieur, un autre chat, un chien, un lapin, quelque chose qui lui permette d'avoir des expériences positives sur une base quotidienne.
Notez qu'un espace extérieur n'est souvent pas suffisant ; beaucoup de chats de rue, par exemple, une fois qu'ils ont découvert le monde de dedans et des câlins, n'ont plus tant que ça envie de ressortir - ou alors bon, dehors c'est rigolo mais les câlins sur la couette c'est quand même vachement mieux (j'en veux pour exemple Bergamote, qui même avec un accès à un jardin et un grand atelier, rappliquait au quart de tour en m'entendant me réveiller).

Apparté sur le cas des chats en appart, car dans un espace clos, en tant qu'être humain mouvant, si le chat est seul, son humain est littéralement sa seule source d'interaction directe. Il est donc crucial de rendre ces interactions nombreuses et positives, par tous les moyens possibles, tous les jours.

A l'inverse, un chat avec accès à l'extérieur mais sans interaction humaine positive quotidienne pourra progressivement se détacher des humains, allant parfois jusqu'à redevenir sauvage. Pour exemple, Duchesse, après une socia réussie chez moi, a changé de FA et s'est retrouvée sans humains ou presque pendant trois mois. Elle a complètement régressé.

Au sujet de l'agressivité chez les chats dont j'ai parlé plus haut, je viens de tomber sur ce très chouette podcast à ce sujet, dans lequel il est discuté d'une méthode très simple qui peut parfois se révéler très efficace pour des problèmes d'agressivité aléatoire chez les chats, à savoir mettre en place un "test de consentement" répété pour apaiser un chat sur la durée.
(Le protocole exact est abordé à 40'50'' de la vidéo)

Je reprends un instant mon fil sur les infos aux sujets des chats suite à la vidéo de Scilabus qui me fait penser à un truc, sur les tests ADNs - elle parle des humains et de l'impact de ces tests sur la perception de la "race" humaine (https://www.youtube.com/watch?v=izJCsexfCUY&list=WL&index=92) ; vous n'êtes peut-être pas sans savoir que certaines compagnies proposent de vous affirmer de quel mélange de race est votre chat en analysant son ADN également.

A ce stade, vous me connaissez, vous avez peut-être déjà entendu parler de ces tests aussi, vous devez avoir une vague idée de pourquoi c'est fumeux.

#roimiracleinfochats

Ce qui m'agace, c'est que même des sauveteurs de chats assermentés (genre Kitten Lady) tombent ou font semblant de tomber dans le panneau de ces compagnies, qui promettent de vous informer sur le soi-disant pedigree de votre chat. Et par pedigree, j'entends : les ancêtres de votre chat. Son ascendance, au sens littéral. Ses parents et grands parents et aïeux, et parfois même tout un arbre généalogique.

Là est le nœud du problème.

Parce que la façon dont ces tests fonctionnent - comme avec les humains - c'est que ça prend l'ADN, ça isole les mutations récessives (vous savez le truc dont on parle depuis le début) et ça extrapole.

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Les mutations récessives, dont j'ai longuement parlé dans ce fil, c'est tout ce qui fait qu'un chat est autre chose que le standard de base d'un chat européen, à savoir : tigré mackerel, de conformation cobby ou medioligne cobby, sans panachure blanche, à poil court.

Dès qu'un chat aura une ou deux copies d'un gène récessif un peu rigolo, l'analyse ADN le percevra et le reliera avec, au pif, une race qui accepte dans son standard ce type de mutation.
Le chat est polydactyle ? Hop ! 20% de Maine Coon.
Colourpoint ? Paf ! Siamois.
Colourpoint ET marbré ? Zou ! Bengal.
Juste marbré ? Et pourquoi pas British Shorthair, ou Sokoké pour une touche d'exotisme ?

Les humains qui vont avec le chat pourront se délecter de ce faux-semblant de sang à particule (Vadim, mâtiné de Persan, je le savais !) et l'analyse, encore plus fort, pourra les informer de surprises au fil du profil génétique du chat, selon les mutations cachées car n'étant pas en double (les enfants de Nouchka ont, bien planqué dans leur génome, le fameux gène colourpoint qui pourrait les signifier comme descendants de Siamois, Thaï, Sacré de Birmanie... Ce qui ne manquerait pas de surprendre leurs adoptants).

De façon marrante, les éleveurs indiquent parfois aussi ces mutations cachées sur les fiches de leurs chatons.

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Je dis : "de façon marrante", parce que dans le cas des éleveurs, lorsque bien souvent ils ne vendent que des chatons stérilisés aux particuliers (pour préserver les standards de la race, et surtout éviter de se faire couper l'herbe sous le pied), ces indications ne servent absolument à rien.
Quel est l'intérêt de savoir qu'un chaton brown tabby à rosettes, tout Bengal qu'il soit, possède également le gène Charcoal si ce dernier ne s'exprime pas et que le chaton ne peut pas avoir de descendance ?

A rien, sauf (surtout pour l'éleveur, il me semble) à se rengorger en étalant l'extraordinaire palette de couleurs visibles et invisibles de cet élevage.

Vous le savez, moi, j'aime bien plancher sur les apparences de races pour des raisons de taxonomie (qui ne concernent que moi, parce que j'aime bien mettre des trucs dans des cases quand les cases existent) et surtout pour des raisons de si je dis qu'un chaton est d'apparence "de race" il sera plus facilement adopté, alors que les 5 ptits culs noirs à yeux brun/vert, là, ben ils ressemblent juste à des ptits culs noirs à yeux brun/vert, comme on en voit tant tous les ans dans toutes les assos de France et de Navarre.

Mais les analyses ADN ne m'intéressent pas : j'ai mes yeux pour voir, et le catalogue du LOOF pour classifier.

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Ce qui me semble pernicieux, avec ces analyses, c'est qu'elles vont plus loin que l'apparence (parce que l'apparence, on la connaît : on sait déjà que Bibi est à poil long, ou bleu, ou blanc, ou polydactyle, on sait qu'il est Exceptionnel comme tous les chats).

Elles vont plus loin en cela qu'elles parlent d'ascendance, d'ancêtres, de "groupes de races pures" auxquels le chat appartiendrait (supposément) (je cite).

Elles refusent d'admettre qu'un Gouttière est beau parce que toutes les mutations sont dans la nature ; ce Gouttière est beau car son sang, à 10, 15, 20%, est bleu.
Quelque part, Bibi est Noble.

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Bibi est Noble, comme qui ferait son arbre généalogique et découvre que là-haut, il y a quatre ou cinq siècles, il y a eu un petit Marquis avec des armoiries, et il s'en félicite - comme si le nom Fabre n'était pas suffisant pour invoquer l'artisanat le plus délicat ; comme si l'amour absolu d'une chatte qui, dans la rue, vous reconnaît à trente mètres et accourt n'était pas un motif suffisant de fierté et de réjouissance.

Ces histoires de race pure et de volonté de s'y rattacher, en plus d'être un gâchis d'argent et un miroir aux alouettes, me semblent encore les symptômes d'une société où l'extrême droite reva grandissante, même sur les chats.

Même les chats n'échappent pas à l'ED (on pense à MLP et son foutu élevage de Bengals), et ça me gonfle.

Voilà. C'étaient mes réflexions sur le sujet, comme d'habitude ça m'a pris beaucoup trop de temps et maintenant je dois travailler.

Nota : attention, je ne dis pas que ces laboratoires sont des escrocs qui disent n'importe quoi. Seulement, leur travail ne saurait être autre chose que ciblé sur les individus, et hors tests de filiation, ne peuvent qu'indiquer le profil génétique d'un individu et ce à quoi il ressemble - et pas son ascendance.

A la limite pour les maladies génétiques ça peut être pas mal si il y a lieu.

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